06/10/07 : Helios Azoulay . Ensemble de musique incidentale 2007

































terrorisme, attentat, sabotage

« Les arts du futur seront des bouleversements de situations, ou rien. »
Guy Debord, Hurlements en faveur de Sade.


A la Une du quotidien français Le Figaro, le 18 septembre 2002, on pouvait lire un article concernant l’ouverture de la saison du Palais Garnier à Paris intitulé Le Fantôme de l’Opéra :

« Peu après le début de la première de Jules César de Haendel, lundi soir, on s’est rendu compte qu’une source sonore non identifiée diffusait de la musique de façon ininterrompue.
Radio mal éteinte ? Mauvais retour dans les haut-parleurs ? Acte de malveillance ?
Il fallut que le public commence à s’impatienter pour que le chef d’orchestre, Marc Minkowski, arrête enfin la représentation et file en coulisse voir se qui se passait.
Revenu, il demanda à la salle de faire silence afin que l’on puisse localiser d’où venaient ces sons parasites.
Gardant son sang-froid et son sourire, il put même identifier à l’oreille qu’il s’agissait de la version discographique du même Jules César de Haendel, mais dirigé par René Jacobs. »


L’étincelle qui met le feu aux forêts est sortie du frottement d’une pierre contre une autre pierre. Le feu est encore entre deux morceaux de bois que l’on frotte l’un contre l’autre.


Le lendemain, le journal Le Monde décrivait :

« Une musique en écho, aigrelette et têtue, assez faible pour ne pas endiguer le flot haendélien, assez puissante pour s’immiscer entre chaque respiration, gagner peu à peu les consciences, détourner savamment l’attention. »


« La calunnia è un venticello,
un’ auretta assai gentile
che insensibile, sottile,
leggermente, dolcemente,
incomincia a sussurrar. »

Cesare Sterbini d’après Beaumarchais, Il barbiere di Siviglia


Dans la salle, se trouvaient non seulement l’ancien ministre de la Culture, Jean-Jacques Aillagon, son prédécesseur, Catherine Tasca, mais aussi Patrick Devedjian, ministre délégué auprès du ministre de l’Intérieur et l’ex-ministre des Affaires Etrangères Hubert Védrine.
Un « entracte couvre-feu » fut déclaré.

A la suite de cet entracte :
« Quand tout le monde se fut rassis, le directeur des Opéras de Paris, Hugues Gall, vint remercier le public de sa patience (sans pour autant présenter d’excuses). La « bombe » avait été trouvée et désamorcée. Une enquête était en cours et une plainte déposée. On apprendra qu’il s’agissait d’un magnétophone rudimentaire planqué dans des loges aveugles sous plafond et de deux haut-parleurs dissimulés derrière des lyres de stuc. »

Hélios Azoulay